L’Immobilier dans les Alpes après Brexit
Alpine Property intelligence a rassemblé les commentaires et les opinions des agents immobiliers de plusieurs des plus grandes stations des Alpes. Nous espérons que ces commentaires, ainsi que nos propres observations, aideront les acheteurs à s'y retrouver dans ce bouleversement.
Cette incertitude s’appuie sur le fait que les acheteurs britanniques ont été dominants dans certaines stations et le changement qui s’est opéré. Est-ce que le taux de change a été un des facteurs permettant aux propriétaires d’en profiter pour la vente de leur bien ? Bien sûr, la plupart des stations recèlent un énorme mélange international de propriétaires et de visiteurs, mais peut-on dire que cette présence internationale a compensée la chute d’intérêt des acheteurs anglais ? En se tournant vers l’avenir, on se demande s’il y a une demande latente ? Qui dit que les non-ressortissants de l’UE pourront acheter dans les Alpes et même si cela s’avère moins aisé qu’auparavant, quelles seront les solutions ?
L’Immobilier Alpin en France après Brexit
Des générations d’acheteurs internationaux ont beaucoup aimé avoir une résidence en France. On peut dire très certainement que depuis des décennies ce fut un des marchés des plus ouverts en Europe. Avec ce voisinage si proche, on ne s’étonne pas que certaines régions soient si populaires auprès des Britanniques.
Selon Pierre-Yves Cottet Puinel, de l’Agence Olivier établie depuis longtemps à Morzine, les investisseurs Britanniques ont représenté jusqu’à présent environ 60% de leur chiffre d’affaires ; aujourd’hui on révise ce chiffre plutôt autour de 35-40%. Le taux de change est un des facteurs qui a conduit les Anglais à céder leurs propriétés. Notre agent souligne néanmoins qu’il n’y a pas d’obstacles pour que les non ressortissants de l’UE puissent acquérir un bien en France et que Morzine possède toujours une clientèle fidèle. Il reste convaincu que la demande reste latente pour les investisseurs en attente du résultat des négociations avant de s’engager.
Sainte-Foy-Tarentaise est toujours une des stations préférées pour les investisseurs anglais. Marie-Agnès Gaden de la seule agence dans la station, Sainte-Foy Agence, connait particulièrement bien ce marché qui comptait auparavant 70% acheteurs anglais contre environ 40% aujourd’hui. Pour compenser ce manque notamment depuis la saison dernière, ont surgi depuis lors des investisseurs Belges, Français et Espagnols avec des budgets solides. « Les propriétaires aiment beaucoup Sainte Foy et n’ont aucune envie d’en partir et on remarque que les propriétaires anglais n’ont pas vendu leur bien plus que d’habitude.»
Megève est cependant un tout petit peu différente car elle reste une destination touristique avec un style de vie dynamique tout au long de l’année. Avec son ski de qualité, elle attire une plus grande proportion de Français comme visiteurs et qui sont propriétaires. BOAN Immobilier, sur le marché depuis plus de 50 ans, note que le mouvement est plutôt stable avec un chiffre d’environ 15% représentant sa clientèle britannique. Ceci dit, le taux de change a fait baisser les budgets, nous explique Emmanuel Boan, offrant ainsi un grand nombre de produits à Megève dont certaines offres en dessous du prix du marché ont été acceptées par les acheteurs britanniques. Il est également convaincu qu’il reste encore une demande importante en attente d’une décision sur toute cette incertitude.
L’Immobilier Alpin en Suisse après Brexit
L’intérêt des Anglais pour la Suisse remonte au 19e siècle, avant même que le ski ne devienne populaire. Les propriétés Suisses sont devenues très importantes sur le marché international entrainant des régulations afin de limiter les acheteurs étrangers à l’accès à la propriété (Lex Koller) et sur la prolifération immobilière (Lex Weber). Néanmoins, les acheteurs anglais représentent une part importante du marché dans de nombreuses stations, ceci est confirmé voire même en hausse ces dernières années. Comme nous le savons, la Suisse ne fait pas partie de l’Union Européenne et elle était un des premiers pays à signer un accord bilatéral avec la Grande Bretagne début 2019, sauvegardant les droits acquis selon l’accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et les pays membres de l’UE. Cet accord couvre les achats immobiliers Suisse faits par les citoyens britanniques et vice-versa.
David Bhagat d’Alpine Property Search nous explique les conséquences pour les acheteurs et les propriétaires britanniques en Suisse.
Les citoyens britanniques non-résidents Suisses ne verront aucune différence. Lex Koller continuera de leur demander un permis afin d’accéder à la propriété. Il faudra que celle-ci ne soit qu’à usage de vacances pour une surface maximum de 200m2. La situation est plus nuancée pour les citoyens britanniques qui ont déjà le permis de résidence Suisse ou qui sont sur le point d’en acquérir une. Si un citoyen anglais est résident en Suisse avant que la GB quitte l’UE, ses droits pour acquérir une propriété Suisse seraient protégés par l’accord sur la libre circulation. Cependant, une fois que l’accord du Brexit sera voté, les citoyens britanniques qui prendront une résidence en Suisse seront considérés comme résidents non-Suisses et devront se soumettre aux restrictions de Lex Koller. Ceci ne s’applique pas aux citoyens anglais ayant un permis de résidence permanente (C-permit). Il est important de noter que pour les citoyens anglais possédant un lieu de vacances en Suisse, il n’y aura évidemment pas d’obligations de vendre leur propriété après le Brexit.
Verbier est une des stations de ski des plus internationales avec son domaine de ski de référence, une vie sociale et un marché immobilier dynamique et irrésistible. C’est également un des marchés les plus actifs car il augmente continuellement ses quotas pour les acheteurs étrangers. Les acheteurs britanniques représentent en effet entre 30-35% du marché pour Michael Fellay de VFP Immobilier, et ceci malgré une légère baisse récente plutôt due au Franc Suisse fort. Michael souligne qu’à Verbier les propriétaires ont rarement la pression de vendre ce qui rend le marché solide. Michael pense qu’il est bien possible que les relations bilatérales entre le Royaume Uni et la Suisse s’améliorent dans l’avenir.
Pendant ce temps, à Grimentz, ce ravissant village de montagnes et son domaine de ski ont charmé les acheteurs du monde entier. Tarcise Genoud, promoteur et agent chez Annimmob vend la moitié de ses biens à des anglais. Confiant qu’il y aura très peu de perturbations, il ne voit pas raisons particulières pour que cela change les comportements des acheteurs.
Alpine Property intelligence qui s’est récemment rendu à Andermatt, a été particulièrement impressionné par l’échelle et l’ambition des projets en cours. Cette station est en train de prendre une très belle ampleur pour devenir une destination Suisse de grande qualité. Theresa Maria Puchner, Business Development Manager chez ANDERMATT SWISS ALPS, estime que les acheteurs britanniques représentent environ 20% de la clientèle. « Ils adorent Andermatt et la Suisse qui est particulièrement attirante dans l’actuelle situation incertaine en Angleterre. Ce qui fait d’Andermatt un endroit particulier est qu’elle échappe à Lex Koller. Toutes les nationalités peuvent y acheter un bien et bénéficier de la sécurité Suisse et du Franc Suisse » nous confie Theresa. Les prix continuent d’y grimper car les principaux développements d’infrastructures sont maintenant bien en place; la station gagne ainsi en popularité auprès des investisseurs et touristes locaux et étrangers. On compte ainsi 50% de propriétaires étrangers et 50% de locaux.
L’Immobilier Alpin en Autriche après Brexit
En comparaison avec la France et la Suisse, l’Autriche a ses propres distinctions. Près de 10 ans après devenir membre de l’UE, l’Autriche a finalement adopté les directives sur la propriété des non-résidents. Les citoyens de l’UE peuvent acheter une propriété de ski dans l’une des neuf provinces autrichiennes, qui sont autonomes et qui ont leurs propres règles, qui peuvent varier considérablement. En générale, il doit s’agir d’une maison de vacances classée « utilisation de vacances » (Zweitwohnsitz) ou touristique (Touristiche Nutzung), afin que la propriété soit disponible à la location. Bien que les citoyens non européens ne puissent pas posséder directement une propriété de vacances dans les provinces du Tyrol, de Salzbourg ou du Vorarlberg, certaines régions sont plus disposées à accepter des demandes d’achat non européennes que d’autres, mais il n’existe pas de règles claires quant à l’acceptation ou pas.
Une solution de rechange fréquemment adoptée consiste à créer une société de l’UE ayant son siège social dans l’UE. Peu importe que les actionnaires de la société ne soient pas des résidents de l’UE.
La pertinence des acheteurs et des propriétaires britanniques dans les domaines skiables autrichiens varie selon les régions. Par exemple, dans la région de Kitzbühel, une très grande proportion des acheteurs viennent d’Allemagne. Les acheteurs britanniques ne représentent que 5% de leurs clients, déclare Thomas Neuner d’Aurum Immobilien à Kirchberg, un charmant et populaire village situé au cœur des Kitzbüheler Alpen. Ainsi, bien que leurs clients britanniques soient certainement moins actifs qu’avant le référendum, l’effet sur le marché n’est pas perceptible.
Les acheteurs britanniques sont plus importants à Zell am See, qui, comme Kitzbühel, possède un marché immobilier dynamique. Les agents avec lesquels nous nous sommes entretenus ont signalé un ralentissement considérable au cours des derniers mois pour leurs clients britanniques dans la gamme de prix moyennes et inférieures. Également observé est un peu d’activité au dernier moment, et les propriétés de valeur supérieure suscitent toujours l’intérêt. Heureusement pour Zell am See, il existe une large base internationale de propriétaires et d’acheteurs potentiels d’Allemagne, d’Autriche, du Benelux et l’intérêt de l’Europe de l’Est est en hausse.